10 septembre : on bloque tout ? – 06/09/25
« Bloquons-tout », c’est le mot d’ordre du mouvement populaire explosif de cette rentrée. Auto-confinement, blocages, boycotts et sabotages sont annoncés dans toute la France. Avec comme moteur la colère contre le budget de Bayrou et le quinquennat de Macron. On a voulu vous retracer le mouvement (et ses organisateurs) et la manière dont il était traité par médias et classe politique. Tour d’horizon impossible de ce balbutiement de révolte populaire.
L’appel qui tourne en boucle, alimente les conversations, interroge les médias et inquiète les pouvoirs publics. Même si c’est assez confus, l’origine du mouvement c’est les Essentiels, un canal Telegram souverainiste, complotiste, plutôt ancré à l’extrême droite. Ça se diffuse pas mal en mai et puis ça explose vraiment avec l’annonce du Budget 2026.
Suppression de jours fériés, serrage de ceinture généralisé, et protection des grandes fortunes. Pour les gens, trop c’est trop ! Deux grosses tendances se répandent alors sur les réseaux avec comme date commune le 10 septembre. Un appel à s’autoconfiner d’un côté, de l’autre à bloquer le pays. Et c’est ce dernier qui va, alimenté par de faux comptes étrangers souligne France Bleu, prendre de l’ampleur pendant le mois d’août. Et surtout s’organiser ! Si ça vous intéresse, un site, « Indignons-nous », recense les groupes informels, canaux Telegram et autres réunions de préparation de cette journée d’action citoyenne.
Gilets jaunes, colère rouge
Une mobilisation citoyenne venue des petites villes, zones périurbaines et campagnes. Ça ne vous rappelle pas 2018 et les Gilets jaunes d’ailleurs ? Pour vous rafraîchir la mémoire, on vous conseille le reportage du Média à l’époque. Nombreux renfilent leur Gilet jaune dans les Assemblées populaires qui émergent dans toute la France. C’est ça que les médias ne veulent pas rater, c’est ça qui inquiète aussi la classe politique au pouvoir. Et, même s’il semblerait que les personnes mobilisées ne soient pas les mêmes qu’en 2018, nombreux se rallient à cet appel.
Syndicats, associations et mêmes partis politiques rejoignent eux aussi le mouvement qui tente, localement, de ne pas se faire récupérer. Libération s’est pas mal penché sur la question. Parce que, les Indignés de ce mouvement sont globalement anti-système. Ils sont surtout contre Macron et sa politique. Comme à l’époque des Gilets jaunes, le mouvement est dispersé, citoyen, local. Et c’est ce qui fait sa force démocratique : la diversité des lieux et des gens concernés. Même si Mediapart nous alerte sur le fait que les habitants des quartiers populaires ne semblent pas invités à la fête. Du moins, leurs revendications sur les violences policières ou le mal-logement.
63% des gens soutiennent le mouvement
Mais bon, rien n’est encore acté. Le mouvement est balbutiant et les actions à venir encore floues : blocages, manifestations, boycotts, sabotages. C’est cette dispersion et ce fouillis qui inquiètent le plus les renseignements territoriaux. Dans un communiqué, consulté par Le Parisien, ils prévoient « une journée explosive » le 10 septembre. Entendre : des probables répressions policières à la pelle. L’exécutif s’affole et tente de contrôler la mobilisation : Bayrou et son vote de confiance le 8 septembre voudrait apaiser les foules, mais ça ne semble pas marcher. 63% des gens soutiennent le mouvement du 10 septembre selon la Fondation Jean Jaurès.
Et, malheureusement, la carte de l’extrémisme est à nouveau agitée. Comme pour les Gilets jaunes, sauf que cette fois, ce serait l’extrême Gauche aux manettes. Surtout depuis le ralliement opportuniste de Mélenchon à la cause. Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, attise d’ailleurs ces braises à quelques jours de la mobilisation devant la caméra de l’AFP. Agiter l’extrémisme du mouvement, c’est justifier la répression à venir. C’est avant tout délégitimer une colère populaire qui est en train de se diffuser à Droite comme à Gauche. Comme le montre très bien, dans ses graphiques, l’agence Visibrain. Même si c’est évidemment l’opposition, donc la Gauche, qui se positionne le plus contre le plan Bayrou et le quinquennat de Macron. Au risque, pour Politis, de transformer le mouvement et donc de lui retirer sa force principale : d’être populaire et apartisan.
Le vent révolutionnaire souffle dans nos rues mais aussi dans les films ! Particulièrement dans les mangas, très prisés des jeunes, y compris dans les quartiers populaires maltraités. C’était le sujet de notre dernier épisode de Filmocratie – La révolution s’anime.
Chez MOB, on trouve ça beau que les gens se retrouvent, échangent et veuillent agir contre les inégalités croissantes dans le pays et la surdité de la classe politique. C’est justement ce déni de démocratie qui crée le besoin de se rassembler autrement et de bloquer un Etat qui ne les écoute pas. On ira voir ce que ça donne en tout cas. Et vous, le 10 septembre, vous faites quoi ?
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Réalisation et montage : Elliot Clarke