Tirage au sort, de la Convention Citoyenne Climat à la politique

William Aucant fait partie des 150 citoyen-nes tiré-es au sort lors de la Convention Citoyenne Climat lancée par Macron en 2019. Une expérience de participation citoyenne transformatrice pour ce Nantais aujourd’hui engagé en politique. D’abord auprès des Écologistes puis de La France Insoumise. Il retrace, avec quelques années de recul, cet engouement pour la démocratie participative comme sa déception envers la classe politique. Il part aujourd’hui en bataille pour les Municipales à Nantes et nous a raconté ce cheminement citoyen et politique.

Il ne savait pas ce qu’était une convention citoyenne quand son téléphone a sonné pour la première fois en août 2019. Six ans plus tard, William Aucant est un fervent défenseur de la démocratie participative et un militant politique. Cet architecte considère la Convention citoyenne Climat comme un point de bascule dans ce changement de trajectoire personnelle.

La claque climatique fait référence aux nombreuses conclusions d’experts, rapports, interventions et conférences qui ont nourri leurs réflexions tout au long de leurs week-ends de travail. Un terme qui revient dans de nombreux témoignages des « conventionnés », « les 150 » comme les médias les ont appelé pendant leurs neuf mois d’engagement ; Covid oblige. La pandémie a rajouté au caractère exceptionnel de ce dispositif national de démocratie participative voulu par Emmanuel Macron pour orienter sa politique écologique.

500 pages, 149 mesures, 0 respect

C’était du moins la mission proposée par le président de la République. Et les citoyens, à l’image de William, s’en sont saisi avec grand sérieux dans leurs groupes de travail respectifs.

William et ses « collègues » ont passé de longues semaines de réflexion collective, de formation sur ces enjeux environnementaux et de formulations de préconisations tangibles. Parmi les mesures proposées par William (and co !) : un grand chantier de rénovation thermique des logements. Une division par deux des émissions de CO2 à horizon 2030. Une grande fierté pour ces « primo-arrivants » en politique qui ont découvert la fabrique de la loi mais aussi le goût de la décision collective. William était très fier du rapport de 500 pages déposé au CESE (Conseil économique social et environnemental), la 3ème chambre du Parlement, à l’attention du Président de la République et de son gouvernement. « Une fierté monstre » nous dit-il, encore souriant, le regard ému par ce souvenir.

Amoindries, c’est peu dire. L’histoire de cette convention et de ses mesures a d’ailleurs été superbement racontée dans une BD : « Apporter demain » de Jonas Teboul, Téo Saal et Lucas Zufic. Emmanuel Macron devait adopter les 149 mesures, il s’est réservé « 2-3 Jokers » à la réception du rapport des citoyens tirés au sort. Leurs mesures ont fini par être détricotées et « dégonflées » à coup de reformulations législatives. Le retour de la politique nous dit William : des ministres, en panique face à la radicalité écologique de ces propositions citoyennes, ont tout élagué. L’esprit est resté mais pas l’application et c’est ce qu’ont critiqué les participants après les travaux parlementaires.

Changer le système de l’intérieur

Une « déception démocratique » qui a servi de moteur à William dans les années qui ont suivi. Et c’est en politique qu’il a voulu porter ses combats, au cœur des institutions qui n’avaient pas respecté la décision citoyenne ; pour changer le système de l’intérieur. D’abord, il s’est engagé au conseil régional des Pays de la Loire. Fort de sa médiatisation lors de la convention citoyenne Climat, une liste écologiste est venu le chercher en lui proposant de porter ses mesures à l’échelon régional. Une entrée dans la politique politicienne qui a laissé des traces, une fois élu dans l’opposition.

Toujours élu au conseil régional, William Aucant s’est aventuré avec les écolos sur la campagne de Yannick Jadot à la Présidentielle avant de progressivement rejoindre les « rangs » de La France Insoumise (LFI). Après quelques déboires sur sa possible candidature aux Municipales, Ouest France confirme aujourd’hui qu’il sera bel et bien tête de liste dans la métropole nantaise en mars 2026 avec les Insoumis.

Transformer le « sort » en destin

Indépendamment des partis dans lesquels il navigue, William nous dit vouloir rester cet élu de terrain, fort de ses convictions démocratiques découvertes pendant la Convention citoyenne Climat. Et c’est ce parcours qui nous intéressait, au-delà du bord politique : de voir comment un dispositif de démocratie participative a éveillé une vocation. Même si, faute d’avoir abouti à un engagement présidentiel aura suscité plusieurs engagements citoyens, comme le sien.

On vous conseille d’ailleurs de retrouver certains d’entre elles et eux dans un documentaire de Yann Arthus-Bertrand : Les 150 : des citoyens s’engagent après la Convention Citoyenne pour le Climat ou d’aller regarder notre série sur l’Assemblée citoyenne et populaire de Poitiers.

Réalisation et montage : Perrine Bontemps / Article : Elliot Clarke