Partis politiques : place aux jeunes

Les moins de 30 ans représentent près de 30 % de la population en France, mais ils occupent moins de 3 % des sièges à l’Assemblée nationale. Une situation que Mahaut Chaudouët-Delmas, conseillère technique au Haut conseil à l’égalité entre les Hommes et les Femmes et activiste, dénonce dans son dernier ouvrage. Dans Le Pouvoir jeune, paru aux éditions de l’Aube, elle expose les blocages institutionnels et sociétaux qui freinent l’accès des jeunes à la politique, tout en proposant des pistes pour faire une place à leurs idées.

« Il y a un manque criant de représentation des jeunes en politique », explique Mahaut Chaudouët-Delmas. Ce déséquilibre trouve ses racines dans plusieurs facteurs, notamment la précarité économique. « Les seuls jeunes qui peuvent s’engager sont ceux qui ont le soutien de leurs parents. Les autres sont exclus par défaut », affirme-t-elle. Cette fracture est accentuée par une culture politique figée qui valorise l’expérience au détriment de l’innovation.

De plus, Mahaut souligne que l’écart se creuse dès le plus jeune âge. « Il y a un décrochage dès la socialisation politique : les milieux populaires, les femmes et les minorités sont systématiquement sous-représentés », déplore-t-elle.

Les obstacles dans les partis politiques

L’accès à la politique est également freiné par le fonctionnement des partis. « Les structures partisanes sont verticales, hiérarchiques et peu ouvertes à des décisions collectives », analyse Mahaut Chaudouët-Delmas. Cette culture du « chef absolu » rebute des jeunes générations habituées à plus d’horizontalité et de bienveillance dans les sphères professionnelles et personnelles.

Elle pointe aussi une forme d’instrumentalisation : « Trop souvent, les jeunes en politique sont réduits à des visages symboliques. Ils sont utilisés pour moderniser l’image d’un parti sans jamais accéder aux vraies positions de pouvoir », critique-t-elle. Cette posture marginalise leurs idées novatrices et entretient un « statu quo » politique.

L’énergie des jeunes : un atout pour le changement

Malgré ces obstacles, Mahaut Chaudouët-Delmas insiste sur l’engagement des jeunes générations. « Les jeunes ne sont pas désengagés, ils sont différemment engagés », affirme-t-elle, citant leur implication dans les collectifs citoyens et les associations. Ces nouvelles formes de militantisme, axées sur des méthodes inclusives et des thèmes contemporains comme le climat ou la justice sociale, sont porteuses d’espoir.

« Ce que les jeunes apportent à la politique, ce ne sont pas seulement leurs idées, mais aussi leurs méthodes. Ils valorisent la coopération, la transparence et des processus démocratiques authentiques », ajoute-t-elle. Pour elle, ces valeurs sont essentielles pour moderniser un système politique jugé « obsolète et toxique ».

Des solutions concrètes pour une politique plus inclusive

Mahaut propose plusieurs réformes pour donner plus de place aux jeunes et à leurs idées. Parmi celles-ci :

  • Abaisser le droit de vote à 16 ans pour encourager une implication plus tôt. Comme nous le suggérait d’ailleurs l’UNICEF il y a quelques mois.
  • Mettre en place des scrutins binominaux qui garantissent une représentation équilibrée entre hommes et femmes.
  • Limiter le cumul des mandats pour renouveler les visages en politique.
  • Valoriser les initiatives citoyennes, notamment par un financement accru et un accès facilité aux structures de décision.

Elle plaide aussi pour une réforme culturelle au sein des partis. « Les jeunes doivent être considérés pour leurs compétences et leurs idées, pas pour leur âge. Il faut changer les mentalités pour qu’ils puissent être de véritables acteurs de la décision politique », martèle Mahaut.

Un appel à l’engagement collectif

Pour elle, l’intégration des jeunes dans la politique n’est pas seulement une question d’âge, mais une opportunité de transformer le système. « Donner du pouvoir aux jeunes, c’est avant tout faire de la place aux idées neuves. C’est changer la politique de l’intérieur et avancer ensemble vers une société plus juste et plus inclusive », conclut-elle.

Avec des initiatives concrètes et une mobilisation collective, elle croit fermement que la réinvention de la politique est possible, pour que les jeunes soient enfin reconnus comme les acteurs clés du changement qu’ils incarnent.

Réalisation et montage : Elliot Clarke