Labo des partis : inventer les partis du futur

La confiance dans les partis politiques est au plus bas en France : selon une étude récente, 83 % des Français ne leur font pas confiance. Face à ce constat alarmant, le Labo des partis — un collectif de chercheurs, militants et citoyens engagés — s’attaque à un chantier ambitieux : réinventer les partis politiques pour les rendre plus représentatifs, inclusifs et adaptés aux attentes des citoyens d’aujourd’hui. Camille Marguin nous a fait part de leur constat et de leurs espoirs pour réformer les partis de l’intérieur.

« Les partis politiques, tels qu’ils fonctionnent aujourd’hui, sont des machines déconnectées des réalités sociales », affirme Camille Marguin, l’une des initiatrices du projet. Cette déconnexion est particulièrement visible chez les jeunes et les populations précaires, qui se désengagent massivement du vote.

Pour Camille, cette crise de confiance n’est pas seulement un symptôme du mal-être démocratique, mais aussi une conséquence directe des pratiques internes des partis. « Le manque de représentativité, la culture très hiérarchique et le monopole des élites sur les décisions renforcent le fossé entre les citoyens et leurs représentants », explique-t-elle.

Une étude approfondie sur les partis

Le Labo des partis a mené une vaste enquête auprès de militants, cadres de partis et associatifs pour identifier les failles structurelles des organisations politiques actuelles. Parmi les principaux enseignements, Camille Marguin cite :

  • La gouvernance : « Les statuts et méthodes de gouvernance des partis sont souvent archaïques et limitent la participation des adhérents aux décisions importantes. »
  • La représentativité : « Les personnes issues des milieux populaires ou des minorités sont sous-représentées. Cela crée un cercle vicieux où ceux qui ne se sentent pas inclus s’éloignent encore plus de la politique. »
  • Le rôle social : « En dehors des campagnes électorales, les partis n’ont souvent aucune activité significative pour être utiles à la société. C’est un enjeu majeur pour regagner la confiance. »

Imaginer les partis du futur

Pour répondre à ces problèmes, le collectif a proposé six modèles de « partis du futur », accessibles sur leur plateforme. Parmi ces modèles, on trouve :

  • Le modèle des 90 % : un parti exclusivement composé de citoyens des 90 % les moins favorisés, pour garantir une représentativité maximale.
  • La NUPES 2.0 : une réinvention statutaire des partis actuels pour créer une véritable union durable et démocratique.

« Ces scénarios ne sont pas des réponses figées, mais des points de départ pour stimuler l’imagination collective et repenser les structures politiques », précise Camille Marguin.

Faire place à la participation citoyenne

Un autre axe central du travail du Labo des partis est la démocratie participative. « Nous devons créer des outils pour que les citoyens puissent peser directement sur les orientations politiques », affirme Camille. Cela passe par des plateformes interactives, des assemblées locales ou encore des consultations régulières des adhérents.

Cependant, Camille souligne que l’efficacité électorale reste une priorité : « La démocratie parfaite n’existe pas. Il faut trouver un équilibre entre ouverture participative et capacité à gagner des élections. »

Un appel à l’action

Le moment est crucial, selon Camille Marguin. Les prochaines élections municipales et présidentielles offrent une opportunité unique de transformer les partis. « Nous voulons que notre travail ait un impact concret, qu’il inspire non seulement les partis existants, mais aussi les collectifs citoyens qui veulent se lancer. »

Avec ses recherches approfondies et ses propositions audacieuses, le Labo des partis montre qu’il est possible de redonner aux citoyens le goût de s’engager en politique. Mais la réinvention des partis ne pourra se faire sans une mobilisation collective et un engagement résolu des acteurs politiques actuels. Alors cap ou pas cap ?

Réalisation et montage : Elliot Clarke