Municipales : en 2026, « Prenons nos mairies »

Alors que la confiance envers les institutions nationales s’effrite, la démocratie locale apparaît comme une solution crédible et accessible. Partant de ce constat, la coopérative Fréquence Commune et le réseau Actions Communes accompagnent les citoyens à reprendre le pouvoir au sein des communes.

Leur ambition est claire : faire émerger un véritable réseau de mairies citoyennes et participatives à l’occasion des élections municipales de 2026. Cette démarche s’inscrit dans la lignée du municipalisme, un mouvement visant à renforcer la démocratie locale par la participation directe des habitants.

« La bonne échelle pour faire de la démocratie, c’est l’échelle locale »

« Ce qu’on défend très fort, c’est de dire que la bonne échelle pour faire de la démocratie, c’est l’échelle locale« , affirme Thomas Simon, acteur clé du projet. « C’est là où les gens se connaissent, peuvent se côtoyer, interagir et confronter leurs points de vue.« 

Cette approche se veut inclusive et concrète. Les décisions locales sur des sujets comme la gestion des écoles, l’alimentation ou le logement peuvent mobiliser des citoyens de toutes sensibilités politiques. « Quand on se retrouve à se poser des questions de comment on gère l’école, l’alimentation, l’eau, le logement, on arrive souvent à se mettre d’accord sur du concret« , explique Thomas Simon. Cette dynamique permet de dépasser les clivages traditionnels entre gauche et droite au profit de décisions collectives, prises au plus près des besoins des habitants.

Une dynamique en plein essor depuis 2020

Depuis les municipales de 2020, le mouvement des listes participatives connaît un développement important. À l’époque, 400 listes se sont présentées, avec environ 12 000 candidats. Parmi elles, 66 ont remporté des mairies, montrant que c’est possible.

Ce succès a prouvé qu’il est possible de gérer une ville de manière démocratique, à travers des assemblées décisionnaires associant élus, agents municipaux, acteurs économiques et associatifs, et bien sûr, les citoyens eux-mêmes. « On peut faire des assemblées décisionnaires avec les élus, les agents, les acteurs économiques, les acteurs associatifs et le peuple assemblé qui prend des décisions ensemble sur des sujets importants. », souligne Thomas Simon.

Les exemples de l’assemblée citoyenne de Poitiers et du plateau des Petites Roches illustrent la faisabilité de cette approche. À Poitiers, l’Assemblée Citoyenne permet aux habitants de participer activement aux décisions municipales, tandis qu’au plateau des Petites Roches, les citoyens ont été impliqués dans les réflexions sur l’avenir de la station de ski locale.

Cependant, la gestion quotidienne des communes reste un défi de taille. « Des fois, ça se passe super bien et des fois, c’est très compliqué d’être aux manettes et d’avoir la gestion d’une administration.« , reconnaît Thomas Simon. Cette complexité amène Fréquence Commune à jouer un rôle de soutien et de facilitation pour les équipes municipales.

Facilitation et soutien des listes participatives

Le rôle de Fréquence Commune ne se limite pas à la sensibilisation. L’organisation se positionne comme un facilitateur, un appui technique et stratégique. « Nous, on essaie d’arriver à un moment où on est en soutien et en facilitation des assemblées. », explique Thomas Simon.

Cet accompagnement va de la formation des candidats à l’organisation des processus de décision. « On travaille sur l’émergence des idées, qu’elles viennent des élus ou des habitants, puis on organise le processus de délibération avec tous les acteurs, jusqu’à la prise de décision finale« , précise-t-il. Cette approche vise à remettre en cause le système pyramidal classique et à promouvoir une démocratie délibérative plus horizontale.

« On remet en question le système où on doit travailler avec une administration très hiérarchique« , explique Thomas Simon. « La plupart du temps, on a en face de nous des citoyens-consommateurs qui attendent qu’on leur crée de la politique publique. » Fréquence Commune cherche au contraire à les inclure dans le processus, en les transformant en citoyens-acteurs.

Objectif 2026 : 3500 listes citoyennes

Avec l’échéance des élections municipales de 2026, l’objectif de Fréquence Commune est de passer à la vitesse supérieure. En 2020, 400 listes citoyennes se sont présentées. Cette fois, l’ambition est bien plus élevée : « On a un objectif un peu fou d’accompagner 3500 listes citoyennes et participatives« , déclare fièrement Thomas.

Si cet objectif est atteint, cela représenterait environ 10 % des communes françaises. Pour cela, Fréquence Commune mise sur la formation et l’accompagnement des citoyens désireux de se lancer.

Le travail se déploie sur deux axes :

  1. Fréquence Commune, qui se concentre sur l’accompagnement des listes citoyennes à travers des formations, des outils de facilitation et des méthodes de mobilisation.
  2. Actions Communes, un réseau de soutien entre les listes participatives et les communes déjà engagées dans cette démarche. Ce réseau favorise le partage d’expériences, l’entraide et la structuration des campagnes locales.

L’objectif est clair : « L’idée, c’est de partager toutes les expériences qui ont eu lieu à la fois dans les listes et dans les communes participatives, pour se former, comprendre comment monter une liste, comment faciliter, comment mobiliser, comment construire un programme », explique Thomas Simon.


Les obstacles à surmonter

Malgré l’enthousiasme suscité par ces initiatives, le chemin est semé d’embûches. L’un des principaux défis est d’éviter les conflits internes au sein des collectifs citoyens. « Les principaux freins que rencontrent les listes citoyennes et participatives sont la nécessité d’organiser le collectif de manière participative pour éviter qu’il y ait des prises de pouvoir en interne », souligne Thomas Simon.

Les pressions extérieures sont également un défi majeur. « Dans les villes moyennes et importantes, il y a le rapport aux partis politiques qui vont avoir tendance à surfer sur la vague citoyenne pour placer leurs têtes de listes », regrette-t-il. Cette récupération par les partis politiques a déjà eu lieu à Toulouse et Marseille, où des listes citoyennes ont été absorbées par des partis traditionnels, au grand dam des militants.

Ces conflits révèlent une différence de culture politique. « La vision radicale de la démocratie, où les élus ne sont pas là pour décider à la place des citoyens mais pour organiser la prise de décision collective, s’entrechoque avec la culture des partis politiques », explique Thomas Simon.

Relocaliser l’avenir de la démocratie

Avec 66 mairies citoyennes déjà conquises, le modèle proposé par Fréquence Commune et Action Commune prouve qu’une autre démocratie est possible. Pour 2026, l’objectif est d’accompagner 3500 listes citoyennes, soit 10 % des communes françaises.

« On aimerait qu’il y ait des dynamiques dans à peu près ce nombre-là« , conclut Thomas Simon. « Ça fait beaucoup plus que les 400 de 2020, mais on sait que c’est possible.« 

En remettant en cause les hiérarchies, en impliquant les citoyens dans les décisions locales et en se démarquant des pratiques des partis traditionnels, Fréquence Commune et Action Commune souhaitent bâtir un nouveau modèle de gouvernance locale.

Si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure, vous former ou simplement en savoir plus sur le municipalisme participatif, Fréquence Commune et Action Commune sont là pour vous accompagner. Et puis, comme le dit Thomas Simon, « Humainement, c’est une aventure incroyable. » Un défi de taille qui porte l’espoir de revitaliser la démocratie par le bas en 2026.

Réalisation et montage : Elliot Clarke