Jeune élue mais engagée depuis toujours – 11/09/25
Athithiya Anantharajah se définit elle-même comme un « profil atypique » : une jeune, femme, racisée et élue à Pontault-Combault depuis 2020. Conseillère municipale, sans étiquette, elle nous raconte pourtant cette évidence de l’engagement dans sa ville. D’abord dans le tissu associatif puis à la mairie où elle est déléguée à la jeunesse, en cette fin de mandat, à seulement 25 ans.
« On ne s’attend pas à ce qu’une femme, qui s’appelle Athithiya Anantharajah, issue de la première génération, Sri-lankaise Tamoul, prenne des responsabilités [politiques], porte une voix, des valeurs, et brille finalement. C’est pour ça que beaucoup de personnes savent que je suis élue locale aussi. » Athithiya Anantharajah, conseillère municipale à la jeunesse
La jeune conseillère municipale résume à merveille son originalité dans l’écosystème politique. Mais, quand de plus en plus de jeunes se sentent désabusés du système électoral et de la représentation politique – des vieux, hommes, blancs au pouvoir – Athithiya trouve tout naturel de prolonger son engagement local, à la mairie de sa ville, depuis 2020.
C’est dans son histoire familiale qu’elle puise les origines de ce dévouement. Enfant d’immigrés tamouls, sri-lankais, venus en France pour fuir la guerre, elle a dû, très tôt, participer aux responsabilités familiales :
« Les gens me disent toujours que, pour moi, c’est inné. Alors que, quand j’y réfléchis, ce sont des valeurs qui m’ont été transmises dès l’enfance. A 6-7 ans, j’étais déjà en train de remplir des documents pour la banque, de faire des rendez-vous chez le médecin. Ça m’a forgée très tôt et j’ai pris en maturité. » Athithiya Anantharajah, conseillère municipale à la jeunesse
Aidante « administrative » pour ses parents, comme beaucoup d’enfants d’immigrés, elle doit, très jeune, se débrouiller seule. À 11 ans, elle décide pourtant d’en faire plus et se lance dans l’accompagnement à la scolarité.
Élue sans avoir fait l’ENA ou Sciences Po !
Elle monte ensuite des projets pour pouvoir partir en vacances avec ses amis, de belles réussites à « petite » échelle qui lui ont donné le goût de l’engagement collectif et l’envie de « faire bouger les lignes ». Des initiatives qu’elle a pu porter au centre social et culturel de Pontault-Combault où elle fait sa « formation de terrain ». Ce qui lui vaut, à la sortie du lycée, d’être contactée par Gilles Bord, le maire de sa ville.
« Au début, j’avais dit « mais la politique, Ouh là là ! Moi non, non, non, je ne fais pas de la politique, ça ne m’intéresse pas de rentrer dans un parti. » Et puis après, il m’a expliqué sa vision. Il m’a dit que je pourrais agir non plus à l’échelle d’un quartier mais d’une ville et avec un plus gros budget. Et il m’a rappelé que la politique c’est là pour aider les gens. » Athithiya Anantharajah, conseillère municipale à la jeunesse
L’équipe et son maire PS sont élus au 1er tour en 2020 avec 60% des suffrages et Athithiya démarre sa carrière politique. Sans être passée par l’ENA ou Sciences Po, nous souligne-t-elle avec fierté. Elle est d’ailleurs très contente que sa liste reflète cette diversité des parcours politiques. À la fois des partis de Gauche représentés (PS et écolos nous dit-elle) mais aussi du tissu associatif.
Derrière ces profils dits « atypiques » se cachent aussi souvent des enjeux de représentation. Pour creuser, on vous conseille de regarder notre vidéo sur la parité politique avec Léa Chamboncel.
Elle ressent quand même pendant son mandat le besoin de se former, de monter en compétences et c’est à HEC qu’elle se spécialise dans l’entrepreneuriat social. Une façon de perfectionner sa formation mais aussi de ne pas se faire « manger » par la machine partisane.
« J’avais peur de rentrer dans un parti et derrière de ne pas pouvoir défendre mes valeurs, ma vision, jusqu’au bout. Dans un parti politique, j’ai le sentiment qu’on doit aussi défendre des choses avec lesquelles on n’est pas d’accord, de devoir rentrer dans un moule. C’est pour ça que je dis toujours on part du diagnostic, on part de ce qui se passe dans la ville, des problèmes et après à chaque problème, une solution. Pour moi c’est ça la politique. » Athithiya Anantharajah, conseillère municipale à la jeunesse
Une vision ancrée dans le concret, son expérience de terrain dans sa ville en boussole, c’est ce qui fait, selon elle, l’originalité de son profil mais aussi sa pertinence. Et c’est là qu’elle espère faire bouger les lignes politiques. Un mandat municipal ne l’a, en tout cas, pas dégoûtée du monde politique vu qu’elle rempile avec son équipe en 2026.
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Réalisation et montage : Perrine Bontemps / Article : Elliot Clarke