L’Assemblée des quartiers : s’allier pour exister

Face à une classe politique largement déconnectée des réalités des quartiers populaires, l’Assemblée des quartiers, initiée par un collectif d’associations et de militants, propose une alternative ambitieuse et inclusive. Ce projet émergeant a pour vocation de redonner une voix à ces territoires souvent marginalisés et stigmatisés, en leur offrant une représentation politique et des perspectives d’avenir. Entretien avec Tarek Kawtari, figure historique du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) et l’un des membres fondateurs de l’Assemblée des quartiers pour parler de cette profonde fracture entre les quartiers populaires et la classe politique.

En France, seulement 6 % des députés sont issus des classes ouvrières ou employées, bien qu’elles représentent 45 % de la population. Cette sous-représentation se répercute également à l’échelle locale, où les banlieues et les quartiers populaires restent largement absents des décisions politiques.

« La classe politique est déconnectée des réalités des quartiers populaires. Cette absence se traduit par un traitement souvent stigmatisant et discriminant », affirme Tarek Kawtari. Ce décalage alimente la méfiance et le désengagement des habitants envers le système politique traditionnel.

Une organisation pour redéfinir la représentation

L’Assemblée des quartiers se donne pour mission de répondre à cette crise de représentation. Inspirée par les luttes historiques pour les droits civiques, cette initiative repose sur deux axes principaux :

  1. Construire un programme commun : par le biais de mini-assemblées locales organisées partout en France, l’Assemblée vise à collecter les attentes et les propositions des habitants pour les transformer en un programme politique co-construit.
  2. Former une nouvelle génération de leaders : en accompagnant et en formant de futurs candidats issus des quartiers populaires, l’Assemblée ambitionne de présenter des listes lors des élections municipales et de créer un véritable rapport de force au niveau local.

« La coordination nationale ne peut avoir un poids que si elle s’appuie sur des collectifs locaux solides et représentatifs », souligne Tarek Kawtari. Cette démarche vise à éviter le centralisme parisien et à renforcer l’ancrage local.

Une réponse populaire à la stigmatisation

Les initiateurs de l’Assemblée des quartiers dénoncent le traitement négatif réservé aux banlieues dans le discours public. « Les habitants des quartiers populaires sont trop souvent perçus comme des problèmes à résoudre, et non comme des citoyens à part entière », regrette Tarek Kawtari.

Cette stigmatisation constante renforce le sentiment d’exclusion. Pour l’Assemblée, il s’agit de revaloriser l’image de ces territoires et de rappeler qu’ils sont une partie intégrante de l’histoire et de l’identité française. « Ces quartiers ont une histoire, et ils doivent être replacés au cœur des priorités politiques », affirme-t-il.

Des élections municipales tests en 2026

La première grande échéance pour l’Assemblée des quartiers sera celle des élections municipales dans deux ans. En présentant des listes locales axées sur les problématiques des quartiers populaires, cette initiative espère bousculer l’ordre établi et créer une dynamique nouvelle.

Pour Tarek Kawtari, ces élections représentent une opportunité idéale, car elles touchent directement aux enjeux de proximité. « Les municipalités sont des lieux stratégiques pour faire entendre notre voix et apporter des solutions concrètes », explique-t-il.

Une ambition de long terme

Au-delà des élections, l’Assemblée vise à insuffler une nouvelle dynamique d’engagement. Dans un contexte où la crise de l’engagement est réelle dans les quartiers populaires, cette initiative souhaite redonner espoir et outils aux jeunes générations.

« Former les jeunes, c’est assurer une relève politique et garantir que la voix des quartiers continue d’être portée dans le débat national », conclut Kawtari.

Avec cette vision ambitieuse, l’Assemblée des quartiers se positionne comme un acteur incontournable pour une représentation plus juste et équilibrée en France. Reste à suivre son évolution et à voir si cette initiative pourra concrétiser ses objectifs ambitieux dans les années à venir.

Réalisation et montage : Elliot Clarke