Habitat participatif : le logement de demain ? – 19/12/24
On vous le dit souvent, la démocratie est partout, y compris chez vous ! Bien que nous ayons, globalement toutes et tous, un logement privé, nous partageons des immeubles, des quartiers, des villages. Et donc des espaces communs. L’habitat participatif essaie justement de réinjecter un peu de vivre-ensemble dans nos lieux de vie, même dans les grandes villes où l’anonymat prime.
A Fontenay-sous-Bois, 11 familles habitent l’îlot Michelet, un projet immobilier ouvert en 2020 en habitat participatif. Dans cette copropriété de la banlieue parisienne, le vivre-ensemble et le partage sont centraux. Un fonctionnement en commun qui ponctue leur quotidien : réunions fréquentes, pièces communes, buanderie ou voitures partagée, gestion collégiale du jardin, etc… Y compris pour les enfants !
À l’îlot Michelet, onze familles cohabitent dans trois immeubles, mêlant vie privée et entraide. « On partage bien plus que ce que font des voisins classiques : des espaces communs, des projets et même du matériel« , explique une habitante. Les interactions sont fréquentes et cette solidarité se reflète aussi dans l’entretien collectif des jardins et des espaces verts.
« En une semaine, on peut avoir jusqu’à 20 sollicitations : garder des enfants, prêter un outil, ou simplement échanger. » Emilie, habitante de l’îlot Michelet
L’écologie est au cœur du projet, depuis le départ. « Nous avons installé un compost, récupérons l’eau de pluie pour arroser nos jardins et privilégions les déplacements à vélo », souligne une résidente. Ces actions traduisent une volonté partagée de vivre en accord avec des valeurs durables.
Une organisation démocratique inspirée de la sociocratie
Le vivre-ensemble est facilité par une organisation collective rigoureuse. Les décisions, parfois complexes, sont prises selon un modèle sociocratique : un petit groupe prépare une proposition, les autres émettent des réserves, des questionnements, puis une version finale est élaborée en tenant compte des retours.
« On a été culturellement formés – si je puis dire – à prendre des décisions collectives par Ingrid Avot de chez A-Tipic. Pendant 4 ans, on s’est vu tous les trimestres et on a travaillé sur une charte des valeurs pour se dire : qu’est-ce qu’on fait ensemble ? » Julie, habitante de l’îlot Michelet
Cette méthode, empruntée au monde de l’entreprise, favorise une gestion apaisée des différends et un climat de confiance. « Ce système assure que tout le monde est en sécurité pour partager ce qui ne va pas.«
Des espaces communs, une richesse partagée
Les espaces partagés renforcent les liens entre habitants. Salle commune, buanderie ou chambre d’amis, ces infrastructures sont gérées collectivement. « L’aménagement de la chambre d’amis nous a coûté 0 € : chacun a donné un meuble ou un matelas. » Ce modèle économique illustre la créativité et l’engagement des participants.
Une autre habitante partage ses craintes initiales : « J’avais peur du côté communautaire, mais dès les premiers jours, j’ai apprécié croiser mes voisins et sentir cette dynamique positive.«
L’îlot Michelet reflète une diversité de profils : familles avec enfants, retraités ou jeunes actifs. « Notre projet est vraiment intergénérationnel, avec des habitants âgés de 0 à 85 ans. » Ce brassage enrichit les interactions et renforce l’esprit communautaire. Les enfants de la copropriété viennent même de monter un journal pour raconter leur aventure collective.
Une inspiration pour d’autres initiatives
Avec 900 projets similaires en France, l’habitat participatif inspire et montre qu’il est possible de réinventer le logement pour conjuguer solidarité, écologie et bien-être. Comme le conclut une résidente : « Ces espaces qu’on partage rendent notre quotidien beaucoup plus agréable, surtout en Île-de-France, où le logement est si tendu.«
L’habitat participatif est, bien sûr, déjà pratiqué « naturellement » dans certains quartiers ou villages, la précarité nous y pousse souvent plus facilement. Mais en développer le modèle dans les grandes villes, c’est s’assurer que cette solidarité est vraiment démocratique et, peut-être, imaginer ensemble, le logement de demain ?
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Réalisation et montage : Margaux Courbon / © MOB
Pour creuser : Le site d’A-Tipic / Des habitats participatifs près de chez vous ?