ASSOCIATIONS, SANS ARGENT OU LIBERTÉS COMMENT GÉRER ? – 31/03/25
Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire fait du zèle. 100 millions d’économies et des baisses de subventions dangereuses pour le monde associatif et culturel selon France 5. Le sport, l’éducation, la culture ou même l’environnement sont diverses thématiques associatives qui ont pour but de rassembler des citoyens qui habitent sur le même territoire et qui partagent la même passion. Tout cela dans le but de pouvoir agir en collectif et développer cet outil de vivre ensemble. Claire Thoury, la Présidente de Mouvement associatif et membre du CESE ( Conseil Économique Social et Environnemental ) depuis 2021 a décomposé le problème.
« Les associations sont traversées par deux grandes tensions en ce moment, une tension relative à leur liberté et une tension relative au financement du tissu associatif. » Claire Thoury
Des structures tentent d’alerter le grand public, c’est le cas de « Mouvement associatif », le porte-parole du milieu associatif. L’organisme interpelle les pouvoirs publics mais aussi la société civile pour discuter et essayer d’apporter des solutions à ces enjeux qui nous concernent toutes et tous.
Le droit à l’association est constitutionnalisé depuis 1971 mais le droit au financement de l’association n’est lui pas protégé, comme nous l’explique Claire Thoury. Depuis plus de 20 ans les budgets alloués aux associations se tarissent et se font de plus en plus via des appel à projet. Une mise en concurrence entre assos, voire avec des entreprises et beaucoup moins de subventions directes. Résultat : des finances associatives qui tirent la langue et doivent « cocher » les cases de leurs financeurs plus que les besoins de leurs structures.
« L’action associative a parfois le rôle de faire autrement ce que les pouvoirs publics devraient faire ou de faire à leur place, ça veut dire que vous décidez ce qui est intéressant à financer ou ce qui ne l’est pas. Ensuite, ça veut dire que vous mettez quand même en concurrence les associations entre elles et avec d’autres acteurs. Sauf qu’on ne joue pas avec les mêmes armes, et ça, c’est très important. » Claire Thoury
La conséquence de ce déséquilibre qui s’amplifie avec le temps n’est autre que la disparition de certaines associations. Beaucoup ne peuvent plus répondre aux dossiers ou se regroupent car elles n’arrivent plus à faire face à ces durcissements. D’après Claire Thoury, l’une des solutions pour sortir de cette impasse financière serait de revenir vers un modèle de subventions.
Elle propose aussi de réfléchir à une autre manière de distribuer et garantir les budgets, l’argent public à destination des associations. Le seul moyen, pour elle, de garantir leur autonomie quelles que soient les crises ou les interlocuteurs politiques au pouvoir. Parce que justement, selon les politiques en place, l’attention envers le monde associatif n’est pas toujours équivalente. Les libertés associatives peuvent vite se retrouver en danger, et le point de départ de tout cela, c’est le contrat d’engagement républicain (CER).
« Sans les associations, notre société ne tiendrait pas »
En vigueur depuis janvier 2022, ce contrat doit obligatoirement être signé par les associations qui veulent des financements publics. Un pacte « public » avec l’administration au pouvoir qui crée beaucoup de dépendance et de restrictions à ce pilier de démocratie que sont les associations. Sachant que « sans les associations, notre société ne tiendrait pas », selon Claire Thoury, peut-être faudrait-il revoir le financement et l’indépendance du monde associatif. Mediapart décortiquait en détail l’impact de ce CER avec l’auteur Pierre David en 2024.
Le contrat stipule que pour que les associations soient financées elles doivent s’engager à respecter pas mal de principes. Comme de ne pas contribuer à troubler l’ordre public. Une clause extrêmement floue et problématique selon Claire Thoury. Son interprétation et son application étant laissée à la discrétion du pouvoir en place. La preuve en est que, depuis son entrer en vigueur, ce « pacte » vise essentiellement, les unions de droits et de causes, et les associations environnementales. Des attaques arbitraires sur le monde associatif majoritairement déboutées quand les associations lancent des recours. Une tentative absurde de silencier et de « normaliser » l’action de ces structures selon Claire Thoury.
« Il y a des moments où l’association est là pour créer des aspérités, pour créer du débat, pour agir et porter une fonction démocratique. C’est ça qu’on lui demande aussi. C’est aussi pour ça qu’on a besoin d’elle. » Claire Thoury
Pour le bon fonctionnement de la société nous avons besoin de ce tissu associatif dense, divers et libre. Depuis des années, le combat des associations ont permis d’avoir, entre autre une CMU (couverture maladie universelle), le droit à l’avortement, un service civique ou encore une politique de recherche sur la maladie du SIDA. A l’image des syndicats dans le monde professionnel dont nous parlait récemment Mathilde Larrère, historienne et enseignante-chercheuse, certaines sont allées à l’encontre de l’ordre mais elles sont toutes essentielles au bon fonctionnement de notre démocratie.
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Réalisation et montage : Perrine Bontemps / Article : Judith Faye