Un maire, à quoi ça sert ? – 11/12/25
Dans ce second épisode de Radar, on voulait revenir aux bases ! Les rôles des conseils municipaux et /ou des maires ne sont pas toujours connus. Le maire vous marie mais gère-t-il l’éclairage public ? Les logements sociaux ? La police ? Tour d’horizon de ces compétences et donc des enjeux à venir en mars 2026.
Le maire, c’est à la fois le représentant officiel de tous les habitants de la commune, mais aussi celui de l’État. C’est lui qui gère les registres d’état civil (naissances, mariage, décès…), l’organisation des différentes élections ou encore le recensement de la population, mais surtout, il est chargé de faire respecter la loi sur le territoire. Même si c’est souvent la personne en tête de liste pour les élections, il n’est pas directement élu par les habitants. En fait, on élit une liste de conseillers municipaux, ceux qui siègent au conseil municipal. Et c’est pendant leur première réunion qu’ils votent pour choisir le maire, mais aussi ses adjoints. Parce que oui, un maire, ça ne travaille pas seul. Et le nombre d’adjoints qui l’accompagnent varie selon la taille de la commune.
Les listes présentées aux élections doivent être paritaires, en alternant femme et homme. Et cette parité se retrouve ensuite dans le conseil municipal et chez les adjoints. Même si jusqu’e-là’en 2026, ce mode de scrutin était réservé aux communes de plus de 1 000 habitants, soit un peu de moins de 30 % d’entre elles. La parité n’était pas un critère pour se présenter.
Où sont les femmes ?
Ce qui explique que les femmes restent encore largement sous-représentées dans les mairies. En 2020, on n’en comptait que 17,5% parmi les maires et seulement 36,4% parmi les adjointes, souvent reléguées à des délégations très genrées comme la petite enfance ou la santé et bien moins aux finances ou à la sécurité. Pour la première fois en 2026, les communes de moins de 1000 habitants seront donc aussi concernées par le scrutin de liste paritaire, malgré les plaintes de certains, qui pointent, comme la Caisse des dépôts, la difficulté d’établir ce type de listes dans les petites communes. Une inégalité de genre qu’on retrouve à tous les échelons politiques, nous racontait récemment Léa Chamboncel.
Alors que tout le monde peut être maire, à condition d’être Français, d’avoir plus de 18 ans et de ne pas cumuler avec un mandat de député, de sénateur, de président de région ou de département. Dans les faits, selon les chiffres de Politicae, seulement 4 % des maires sont âgés de moins de 40 ans. L’âge moyen est de 59 ans.
Une fois que la mairie est composée, le conseil municipal (présidé par le maire) doit se réunir au moins une fois par trimestre durant les 6 ans du mandat. Le but : prendre ensemble les décisions pour la commune.
Le rôle du maire et des adjoints est, ensuite, de les mettre en pratique. Ils agissent sous le contrôle du conseil municipal, un peu comme le Gouvernement avec le Parlement.
La faute à qui ? À ma mairie ?
Plus concrètement, les orientations concernent plusieurs pôles d’action : le logement, la sécurité, le transport, l’éducation, le cadre de vie… Prenons la sécurité par exemple. Le maire doit garantir l’ordre public, donc il dirige la police municipale. S’il constate des infractions, il doit saisir la justice. Et aussi, prendre les mesures nécessaires pour éviter les accidents, comme entretenir la voirie et les ponts, bref, faire en sorte que sa population puisse mener une vie sereine.
En fonction de la taille de sa commune, le maire est aussi chargé d’assurer les transports publics : des pistes cyclables au réseau de tram, en passant par les bus et métros. Niveau éducation : les écoles maternelles et primaires, mais aussi les crèches, tout ça dépend de la municipalité.
Plus globalement, la mairie chapeaute l’urbanisme. Ses services délivrent les permis de construire, établissent les plans locaux d’urbanisme et entretiennent les bâtiments publics de la ville. La municipalité applique aussi la politique de logement de l’État, qui dit en gros que chacun a le droit d’accéder à un logement décent. Par exemple, elle fait construire et met à disposition des logements sociaux, qui en principe sont proportionnels au nombre d’habitants et attribués selon le niveau de revenus. Des règles que toutes les municipalités ne respectent pas toujours…
Et enfin, il y a le cadre de vie : entretien des espaces verts, soutien à la vie associative (financement ou mise à disposition des équipements nécessaires), protection de l’environnement. Les compétences sont larges. Nantes en a été transformé ces dernières années lit-on, par exemple, sur Mediacités.
La politique locale, ça paie combien ?
Vous vous dites peut-être que c’est un travail à plein temps en fait. Oui et non. Oui car les maires sont souvent sur la brèche, sollicités en permanence et sous pression constante de leurs administrés comme des services de l’Etat. Au point de provoquer chez nombre d’entre eux un sentiment de lassitude ces dernières années, débouchant sur une vague inédite de démission. Et non car les maires ne sont pas rémunérés, ils sont indemnisés, et le montant, encore une fois, dépend de la taille de la commune.
L’indemnisation, elle varie d’un peu moins de 1050 euros brut par mois pour une commune de moins de 500 habitants, jusqu’à 5960 euros pour une ville qui dépasse les 100 000 comme Lyon. Les indemnités des adjoints et des conseillers municipaux sont votées en conseil, avec des montants maximaux eux aussi fixés par la loi.
Donc certains élus continuent à travailler en parallèle, en particulier dans les petites communes. Ces faibles indemnités expliquent en tout cas que la plupart d’entre eux sont à la retraite. Mais c’est aussi pourquoi, entre autres raisons, peu de maires sont issus de milieux populaires. Un phénomène que l’on retrouve aussi chez les adjoints et les conseillers municipaux.
On reviendra prochainement sur ce que ça donne en pratique. En attendant, vous savez tout sur le rôle des élus préférés des Français !
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Réalisation et montage : Perrine Bontemps
Une série de vidéos soutenue par le Fonds pour une presse libre

