« A voté » : combattre l’abstention sur le terrain – 21/12/23
L’abstention électorale est souvent perçue comme un choix politique. Mais pour des millions de Français, elle résulte d’un obstacle administratif. L’ONG A Voté lutte contre ce phénomène en accompagnant les citoyens dans leur inscription sur les listes électorales. Lors d’une action test à Villeurbanne, près de Lyon, le collectif a montré comment des démarches simples peuvent transformer la participation démocratique.
« L’abstention, si c’est un choix, c’est un droit. Mais souvent, elle est subie. » explique Albin Le Priol, membre de l’association A voté. Une grande partie de cette abstention contrainte est causée par la mal-inscription, c’est-à-dire le fait de ne pas être inscrit dans le bon bureau de vote, souvent après un déménagement. « Cela concerne environ 8 millions d’électeurs en France, » souligne-t-il. Ce chiffre vertigineux représente un enjeu démocratique majeur.
Une action locale pour un impact global
L’action menée par À Voté à Villeurbanne s’inscrit dans une démarche innovante : aller directement à la rencontre des citoyens pour les informer et les accompagner.
« L’État a mis en place des plateformes pour vérifier son inscription et s’enregistrer en ligne. Mais peu de gens les utilisent. Nous avons donc décidé de les aider directement sur le terrain. » Albin Le Priol, A voté
Pendant trois semaines, l’équipe a investi deux bureaux de vote de Villeurbanne, ciblant spécifiquement les quartiers où l’abstention est la plus élevée. Grâce à des approches conviviales, comme des tombolas citoyennes, ils ont sensibilisé les habitants tout en rendant l’expérience plus attrayante. « L’idée, c’est de rendre la démarche un peu plus festive, pour amener de la joie et du dynamisme dans le quartier, » raconte-t-il.
Aller au plus près des populations empêchées
Les premières observations montrent que l’accompagnement a un effet significatif sur la mobilisation. « Une étude sociologique a montré que plus de 90 % des gens accompagnés à s’inscrire allaient voter. » Les résultats complets de l’action à Villeurbanne, attendus dans six mois après les élections européennes, permettront de mesurer précisément l’impact de cette initiative sur le taux d’abstention.
« On n’est pas là pour convaincre les abstentionnistes convaincus. On s’adresse à ceux qui veulent voter, mais en sont empêchés. » Albin Le Priol, A Voté
Les jeunes et les catégories populaires sont les plus concernées par la mal-inscription et l’abstention. A Voté cible donc en priorité ces publics pour les reconnecter au processus démocratique.
Si les résultats sont concluants, A Voté espère convaincre les institutions d’adopter cette approche proactive. « Aller voir les gens, c’est possible et ça fait une différence sur l’abstention. » L’enjeu est de taille : rétablir la confiance dans le système démocratique et donner à chacun les moyens d’exercer son droit de vote.
Avec son approche pragmatique et humaine, A Voté illustre que lutter contre l’abstention, c’est d’abord écouter et agir localement. Une leçon précieuse pour revitaliser la participation démocratique en France.
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Réalisation et montage : Raphaëlle Vivent